Accès au crédit immobilier : à Montpellier, le syndicat des courtiers explique leur inquiétude

Accès au crédit immobilier : à Montpellier, le syndicat des courtiers explique leur inquiétude

ENTRETIEN – Les courtiers en crédits immobiliers ont tiré la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois sur ce qu’ils estiment constituer un sérieux frein dans l’accès aux crédits : la révision du taux d’usure (taux d’intérêt maximum légal) par la Banque de France, qu’ils estiment trop lente. Ils manifesteront à Paris le 20 septembre, devant le siège de la Banque de France. Bérengère Dubus, intermédiaire de crédit à Montpellier et secrétaire générale de l’Union des intermédiaires de crédit (UIC), explique.


La Montpelliéraine Bérengère Dubus est la secrétaire générale de l’Union des intermédiaires de crédit (UIC), syndicat national de la profession en France fondé à Montpellier. (Crédits : DR)
Bérengère Dubus est intermédiaire de crédit (courtier) à Montpellier et secrétaire générale de l’Union des intermédiaires de crédit (UIC), syndicat national de la profession en France fondé à Montpellier. Une profession qui se mobilise depuis quelques jours autour d’une problématique qui, selon elle, freine beaucoup l’activité des transactions immobilières.

LA TRIBUNE – Combien existe-t-il de courtiers en crédits immobiliers en France ?

Bérengère DUBUS – On compte aujourd’hui 34.000 intermédiaires en opérations de banque en France, avec notamment 6.000 inscriptions en Occitanie et 44 sur la métropole de Montpellier.

Les courtiers en crédit immobilier ont alerté les pouvoirs publics sur l’évolution trop lente du taux d’usure. Rappelons ce qu’est le taux d’usure ?

Il s’agit du TAEG (taux annuel effectif global, NDLR) maximal auquel un prêt peut être accordé, incluant le taux de crédit, le coût de l’assurance emprunteur, les frais de dossier, les garanties obligatoires, etc. Initialement, le taux d’usure est un dispositif qui a vocation à protéger les emprunteurs d’éventuels abus. Mais aujourd’hui, c’est un frein pour l’accès à la propriété… Le TAEG dépend de beaucoup de critères : profil des emprunteurs, âge, santé, etc. Le taux d’usure est fixé par la Banque de France et ne peut excéder un certain pourcentage des taux moyens constatés les trois mois précédents. Et c’est justement ce mode de calcul qui pose problème, selon nous.

Comment est-il calculé et avec quelles conséquences ?

Il est révisé chaque trimestre par la Banque de France, mais avec un décalage de six mois ! La Banque de France s’en réfère aux prêts signés sur les trois derniers mois, or avec les délais obligatoires entre l’accord donné à un crédit et le déblocage des sommes empruntées, ces prêts concernent en réalité des prêts accordés six mois auparavant… Le taux d’usure est donc totalement décalé de la réalité du marché ! Ainsi, les taux ont augmenté de manière exceptionnelle de 1,35% à 1,95% – mêmes s’ils restent encore bas – et le taux d’usure aurait dû remonter de suite en juillet. … En septembre, on est à 2,2% de taux nominal et le taux d’usure n’a toujours pas été relevé, ce qui rend les emprunts inaccessibles pour beaucoup de gens. Nous dénonçons donc un immobilisme qui fait peser de lourdes conséquences sur le secteur de l’immobilier et la vie des Français en général. Environ 45% des dossiers de crédit immobilier portés par les particuliers sont refusés de manière inique et de nombreux professionnels de l’immobilier se retrouvent en difficulté depuis plusieurs mois : les agents immobiliers et les promoteurs qui ne peuvent pas vendre, et en cascade les courtiers bien sûr. D’ailleurs, les notaires ont donné l’alerte dès le mois de juin…

Vous dites que dans une métropole comme Montpellier, les emprunteurs s’en sortent un peu mieux. Pourquoi ?

Parce que la population est jeune ou qu’il y a beaucoup de fonctionnaires, des clientèles qui ont moins de contraintes sur le TAEG… Il existe une concurrence qui fait que les banques veulent conserver leur clientèle. Enfin, il y a beaucoup de promotion immobilière, or, même si ça le retarde, le promoteur peut attendre plus facilement que dans l’ancien. Mais depuis le 1er septembre, on est nous aussi bloqués à Montpellier !

Que demandez-vous ?

On ne demande pas à changer le système, mais que la Banque de France modifie le mode de calcul du taux d’usure. Le ministre de l’Économie dit qu’il ne souhaite pas que les Français arrêtent d’acheter. Il est plutôt à l’écoute mais il prend ses informations à la Banque de France… D’autant qu’en 2021, le HCSF (Haut Conseil de stabilité financière, NDLR) a édicté de règles contraignantes pour les banques, qui ont limité le marché.

Vous avez programmé une manifestation des courtiers en crédits immobiliers, ce qui est plutôt rare, mardi prochain 20 septembre à Paris…

Malgré nos alertes, la Banque de France ne nous a toujours pas reçus. Cette manifestation sera en effet la première de la profession des courtiers qui ne fait habituellement pas de vagues. Un premier rassemblement unitaire qui va regrouper les courtiers indépendants, franchisés, parisiens, provinciaux. On espère que le Gouverneur de la Banque de France descende de sa tour d’ivoire et nous considère. Il ne faut pas oublier que l’immobilier est un pan important de l’économie.

Ce matin (16 septembre), le Gouverneur de la Banque de France, justement, a annoncé « un relèvement proportionné du taux d’usure » qui interviendra par application « des règles existantes ». Cela vous satisfait-il et maintenez-vous votre manifestation du 20 septembre à Paris ?

Je me félicite que nous ayons été entendus. L’UIC va participer à la réunion de travail de la Banque de France. Le Gouverneur de la Banque de France a changé totalement de discours en reconnaissant que le prêt immobilier est sûr, que malgré la hausse, les taux restent bas, et qu’il y a des blocages dus à l’usure. La mobilisation unitaire appelée de ses vœux par l’UIC a fonctionné. La manifestation du 20 septembre à Paris sera la preuve que nous voulons des actes désormais.

Source La Tribune Occitanie – Montpellier
Cécile Chaigneau

Publié le 16 septembre 2022


Crédit immobilier : « 45 % des dossiers sont refusés », les courtiers dénoncent le taux d’usure

Crédit immobilier : « 45 % des dossiers sont refusés », les courtiers dénoncent le taux d’usure

Crédit immobilier : « 45 % des dossiers sont refusés », les courtiers dénoncent le taux d’usure
Bérengère Dubus est secrétaire générale de l’Union des intermédiaires de crédit.
MIDI LIBRE – RICHARD DE HULLESSEN

Le syndicat des courtiers en crédit immobilier dénonce l’évolution trop lente du taux d’usure, fixé par la Banque de France, par rapport au contexte économique actuel. L’organisation professionnelle, fondée à Montpellier en 2019, appelle à manifester le 20 septembre à Paris.

« Les courtiers en crédit immobilier sont en colère. Leur unique syndicat, l’Union des intermédiaires de crédit (UIC), fondé en 2019 à Montpellier, organise une manifestation mardi 20 septembre devant la Banque de France, à Paris. À l’origine de ce mécontentement : l’évolution trop lente, selon les professionnels, du taux d’usure, le taux maximal auquel un prêt peut être accordé. Celui-ci est fixé par la Banque de France à la fin de chaque trimestre, pour le trimestre suivant, afin de protéger les emprunteurs d’éventuels


45 % des dossiers de crédit sont refusés

Mais pour l’UIC, le niveau actuel du taux d’usure conduit à des “conséquences dramatiques”, aussi bien pour les emprunteurs, dont les demandes d’emprunt sont refusées, que pour les courtiers, en difficulté depuis plusieurs mois déjà. « 45 % des dossiers de crédit immobilier portés par des particuliers sont refusés », alerte Bérengère Dubus, secrétaire générale de l’organisation. « Avec la guerre en Ukraine, les marchés ont dévissé. Nous avons connu une hausse historique des taux d’emprunt, de 1,35 à 1,95 %. Au mois de juillet dernier, le taux d’usure aurait dû remonter tout de suite. Nous sommes actuellement sur un décalage de six mois par rapport à l’évaluation de la Banque de France », poursuit Bérangère Dubus. « En effet, au délai d’estimation du taux d’usure par la Banque de France, il faut ajouter les trois mois qui séparent l’accord donné à un crédit et le déblocage des sommes ».

« Il y a une dimension sociale du crédit »

Pour la secrétaire générale de l’UIC, on assiste aujourd’hui à une situation inédite : « On n’a jamais connu une remontée aussi brutale des taux, conjuguée à une réglementation du crédit aussi stricte ». Face à cela, le syndicat des courtiers dénonce « un refus de dialogue de la Banque de France ». « Cela fait trois mois que nous tirons la sonnette d’alarme. Il y a un déni total de la Banque de France. Cela fait trois ans qu’ils ne nous reçoivent pas, alors que nous avons été reçus par le ministère de l’économie et des finances, les chambres de commerce locales. Le refus de notre organisme de tutelle de nous recevoir a cristallisé la colère ».
Bérengère Dubus insiste sur l’enjeu que représente l’accès au prêt immobilier pour de nombreux Français : « Être propriétaire, c’est la seule chose qui protège les classes moyennes et modestes. Il y a vraiment une dimension sociale du crédit. Et une violence, à dire à quelqu’un qu’il ne pourra jamais devenir propriétaire ».
La représentante de l’UIC souligne aussi ce que représente la profession de courtier en crédit, aujourd’hui en France : « 34 000 sociétés en France. À Montpellier, 200 emplois. En 2021, 60 % des emprunteurs ont consulté un courtier et plus de 40 % ont finalisé leur crédit avec lui ».(*) Contactée, la Banque de France n’a pas donné suite à notre sollicitation dans nos délais.


« On s’en sort mieux à Montpellier »

Dans le contexte difficile qu’elle décrit, la secrétaire générale de l’UIC observe que Montpellier « s’en sort mieux pour l’instant ». « C’est une ville active au niveau de l’immobilier. Il y a une culture des banques, qui savent que stopper le marché n’est pas une bonne idée. Il y a aussi une population jeunes, de nombreux fonctionnaires ». Autant de facteurs qui, pour l’instant, on amortit un phénomène plus durement ressenti dans d’autres villes et régions. Bérengère Dubus tire cependant la sonnette d’alarme sur « une situation qui dure depuis mai-juin ». La représentante de la profession précise que « de gros courtiers nationaux soutiennent le mouvement » et que l’UIC connaît actuellement « un gros mouvement d’adhésion ».

Source Midi Libre
Fabien Arnaud
Publié le 16 septembre 2022

Crédit immobilier : avez-vous toujours intérêt à passer par un courtier ?

Crédit immobilier : avez-vous toujours intérêt à passer par un courtier ?

Crédit immobilier : avez-vous toujours intérêt à passer par un courtier ?

Avec la hausse des taux des crédits immobiliers, les courtiers l’assurent : leur service devient plus pertinent pour tirer parti des disparités entre les barèmes des établissements. Mais, alors que certaines banques se montrent plus réticentes à prêter, ces intermédiaires ont-ils un réel pouvoir de négociation ? Eléments de réponse.

Passer par un courtier permet-il d’obtenir un emprunt immobilier plus facilement et avec un meilleur taux ? (Pascal SITTLER/REA)
Les temps sont durs pour les courtiers. L’Union des Intermédiaires de crédit appelle d’ailleurs ses adhérents à venir manifester mardi prochain devant le siège de la Banque de France pour demander le relèvement du taux d’usure – le taux maximum auquel une banque peut prêter – qu’ils accusent d’être trop bas pour permettre à des emprunteurs solvables d’obtenir un prêt immobilier.

« En dépit d’une hausse de la demande de 5 % par rapport à l’été dernier, notre chiffre d’affaires ne suit pas. Surtout avant la période estivale, des courtiers me rapportaient devoir éconduire 3 à 4 demandes par jour, sachant d’office qu’ils ne pourraient pas leur trouver de prêt », confie Sandrine Allonier, porte-parole du réseau Vousfinancer. « C’est difficile pour les courtiers en ce moment. Ils sont contrariés car les banques n’ont plus besoin d’eux. Les frais de courtage peuvent bloquer un dossier, entraînant le dépassement du taux d’usure », rapporte un banquier sous couvert d’anonymat.
Cet argument, celui de la commission qui, additionnée aux autres frais, serait responsable du refus du crédit, ne passe pas auprès des courtiers. « C’est un sacré raccourci, fustige Cécile Roquelaure, directrice de la communication d’Empruntis. Quand un dossier bloque de très peu, courtiers et banquiers savent se coordonner pour faire un effort. Le travail des courtiers mérite d’être rémunéré », renchérit-elle.

« Nos honoraires ont un impact de seulement 0,05 point sur le TAEG », indique de son côté Sandrine Allonier. Ce taux annuel effectif global mesure le coût d’un emprunt immobilier sur toute sa durée de vie (taux d’intérêt, assurance, frais de dossier, de garantie…). C’est lui qui permet de comparer les offres de prêt. C’est aussi ce TAEG qui doit rester en dessous du taux d’usure pour que la banque puisse octroyer le financement.
Avec la hausse actuelle des taux immobiliers, les courtiers sollicités l’assurent, leurs services deviennent encore plus pertinents. « Quand les vannes du crédit se resserrent, notre métier est plus difficile, mais il prend alors tout son sens. Les barèmes sont moins homogènes d’une banque à une autre, il y a de vraies différences selon les établissements, explique Cécile Roquelaure. Dans ce contexte, celui d’un taux moyen se rapprochant des 2 %, « obtenir un taux de 0,10 point plus bas devient actuellement plus significatif pour le budget des ménages que lorsque la norme était à des taux à 1 % », ajoute la porte-parole. Un lien de cause à effet qui ne se vérifie pas nécessairement, nuance Olivier Gayraud, juriste à l’association de consommateurs Consommation, logement, cadre de vie. « Certains courtiers affirment qu’ils ont un pouvoir de négociation plus important qu’un client, seul, devant un banquier. Je suis moins catégorique, surtout devant un conseiller bancaire qui le connaît bien ».

Cet argument en défaveur des courtiers résonne dans un contexte où les établissements bancaires veulent préserver leur marge d’intérêt. C’est-à-dire l’écart entre le taux appliqué au client final, borné par le taux d’usure, et le coût de la ressource empruntée sur les marchés. Un coût qui augmente avec la fin de la politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne.

Source Les Échos
Marie-Eve Frénay
Publié le 15 septembre 2022

French mortgage brokers set to ‘storm’ the Bank of France – reports

French mortgage brokers set to ‘storm’ the Bank of France – reports

Mortgage brokers across the Channel are set to stage a demonstration on 20 September at the Bank of France (BOF) against rules which they believe are holding up and constraining home loan terms, according to reports in The Times.Article Mortgage Solution 200922

The Times reported yesterday that the French mortgage brokers’ union (UIC) is frustrated that “the national bank has not raised a cap that it imposes to protect borrowers from what are deemed usurious rates”.
The ‘usury rate’ is defined by the French Ministry of Economy and Finance as “the maximum annual percentage rate (APR) that lending institutions are allowed to charge when granting a loan.”
If the APR is higher than the usury rate, the loan is considered illegal. For the most loans, the current usury rate is 2.4 per cent (as of Q2 2022).
Reports say that “according to an industry survey, as many as 30 per cent of mortgage requests are being rejected because the rate offered breaches the ‘usury rate’”. However, François Villeroy de Galhau, governor of the BOF, has disputed this claim.
Bérengère Dubus, head of the UIC, said: “The governor is in denial and showing contempt. We condemn the blockage by the authorities, which is imposing serious consequences on the property market and the lives of the French in general.”
And despite that fact that the BOF has said that it is going to adjust its usury rate next month, brokers feel it is unlikely to catch up with rising mortgage interest rates.

New French mortgage rules

Since the beginning of the year, French mortgage laws have become more stringent – both the mortgage term and borrowing limits have been decreased. In January 2022, The High Council for Financial Stability stated that mortgage terms would be set at 25 years, which can be extended by a further two years in the case of a new build purchased off plan.
In addition to the limitation on term length, the borrower’s monthly debt ratio can no longer exceed 35 percent of income.

Source Mortgage Solutions
Nick Cheek

Publié le 14 septembre 2022

Crédit immobilier : “À partir de ce mois de septembre, 70 % des dossiers ne vont plus passer”

Crédit immobilier : “À partir de ce mois de septembre, 70 % des dossiers ne vont plus passer”

À cause du fameux taux d’usure, taux moyen des trois derniers mois, qui n’est pas adapté à la hausse rapide des taux du marché, l’immobilier est en train de se bloquer, alerte la Montpelliéraine Bérengère Dubus.

Présidente du premier syndicat de courtiers en France, elle est à l’initiative d’une manifestation devant la Banque de France, le 20 septembre
“Oui, je suis vachement bronzée parce que j’ai un bateau ; je gagne bien ma vie ; mais je suis aussi en empathie avec mes clients : chaque refus de crédit auprès d’une famille, c’est des larmes. C’est comme si on leur disait : tu es prolo, tu resteras prolo… ” La Biterroise Bérengère Dubus, 42 ans, dont la société est installée à Montpellier, est la bouillonnante secrétaire générale de l’UIC, l’Union des intermédiaires de crédit, les courtiers, le premier syndicat de la profession.

34 000 courtiers dont 6 700 en Occitanie

L’Hexagone compte 34 000 courtiers en immobilier dont 6 700 en Occitanie et 44 à Montpellier. Les trois-quarts sont des indépendants “au service de leurs clients, pas d’une banque, en leur montant un dossier sur-mesure”. À ce titre, Bérengère Dubus prend la parole pour expliquer que nombre de ménages n’ont plus accès au crédit “alors qu’ils sont solvables et pourraient payer les traites”. Et monter au créneau.

 

Que le taux d’usure soit révisé chaque mois

Bérengère Dubus a initié une manifestation prévue le 20 septembre prochain devant la Banque de France. Elle entend avec ses confrères protester contre une sorte d’immobilisme de l’institution face à un accès au crédit qui se réduit. En cause, notamment, “du taux d’usure”. Et milite pour qu’il soit révisé chaque mois.
Une frange de la population qui a pourtant les moyens de devenir propriétaire ne le peut plus à cause du taux d’usure révisé chaque trimestre seulement. Bérengère Dubus réclame qu’il soit révisé, dans cette situation exceptionnelle, chaque mois. C’est un mécanisme de protection de l’emprunteur contre les taux abusifs. Qui restent assez faibles malgré la hausse rapide des taux de crédits.
“Le taux ont augmenté de façon exceptionnelle”
Elle détaille : “Il existe ce que l’on appelle le TAEG, un taux global d’un crédit qui inclut tout, dont l’assurance, les frais de dossier, frais bancaires, etc. Pour protéger le consommateur, le législateur considère qu’au-dessus d’un certain pourcentage des taux moyens, il n’est pas applicable, on ne peut pas prêter. Et c’est très bien. En général, ce TAEG est supérieur de 1,5 point par rapport au taux du marché qui dans ces conditions seraient à trois points ; or, le taux d’usure est à 2,60 %. Ce qui s’est passé, c’est qu’en mars, les taux ont augmenté de manière exceptionnelle.

Le marché locatif en train d’être bloqué

Une mesure technique, mais qui a de très importantes répercutions dans la société, à commencer par le marché locatif qui est en “train d’être bloqué, forcément : de nombreuses personnes qui voudraient accéder à la propriété ne le peuvent plus parce que les dossiers sont refusés à cause de ce fameux taux d’usure qui ne correspond plus à la réalité.” Or, justement, le gouverneur de la Banque de France, vénérable institution bicentenaire qui fait la pluie et le beau temps en la matière, a déclaré qu’il n’y a “aucun problème de crédit en France”.
Montpellier. DR.
“Aujourd’hui, le taux moyen pour un couple de jeunes est de 2,40 % sur 25 ans alors que le taux d’usure est resté, lui, à 2,60 % comme il l’est depuis plus d’un an quand les taux, eux, étaient à 1,30 % en moyenne… 2,60 %, c’est un taux raisonnable ; la plupart des gens qui montent un dossier peuvent payer.” Mais le taux d’usure, mécaniquement en retard, les en empêche.

 

Immense décalage

“Ces gens qui voulaient devenir propriétaires ne le peuvent pas – ce qui raréfie mécaniquement les biens mis à la location, Ndlr – et que l’inflation fait augmenter leurs loyers…! Le gouverneur de la Banque de France devrait permettre de réviser ce taux d’usure tous les mois.” Le décalage est immense : “Le prêt immobilier a, par exemple, a été accordé en mars et si vous passez chez le notaire en juillet, les taux auront grimpé dans l’intervalle… Au 1er octobre, ce seront les taux de cet été comme référence avec des crédits accordés en mars, avril, mai…”
La Banque de France ferait mieux de restreindre le crédit à la consommation que de restreindre celui de l’immobilier qui permet de se loger sans augmenter la charge…”
“À partir de ce mois de septembre, 70 % des dossiers ne passeront plus. Personnellement, j’ai déjà cinq dossiers, depuis le 2 septembre, qui ne passent pas. Et il n’y a pas que les courtiers qui alertent ; les notaires alertent ; le monde de l’immobilier et le banques alertent également. Le problème, c’est que la Banque de France a les chiffres mais d’il y a six mois…” Pour Bérengère Dubus, c’est le ministre de l’Economie qui a la solution entre les mains.
“Bruno Le Maire a dit qu’il voulait que les gens continuent à acheter ; à lui de faire en sorte qu’il n’y ait plus ce blocage artificiel et de s’adresser au gouverneur de la Banque de France qui ferait mieux de s’occuper de ces locataires qui continuent à faire des crédits à la consommation et qui se retrouvent en commission de surendettement à la Banque de France. D’ailleurs, 75 % des surendettés sont locataires… Il ferait mieux de restreindre le crédit à la consommation que de restreindre celui de l’immobilier qui permet de se loger sans augmenter la charge ; d’être couvert en cas de maladie ; de pouvoir suspendre son crédit pendant un an en cas de perte de revenus ; de pouvoir revendre en cas de problème de capital et de ne pas avoir de charges à la retraite…”
Je passe mon temps à dire à mes collègues : redressons nos épaules nous ne sommes pas des commerciaux à la c… Et on est capables de pleurer avec nos clients ; c’était encore le cas ce matin pour un dossier de surendettement… Quand quelqu’un ne peut pas acheter, je n’en dors pas.”
Cette profession pâtit encore d’une image d’indépendants “mercenaires” que Bérengère Dubus reconnaît, mais qui s’estompe : “C’est un imaginaire encore prégnant, c’est vrai, dit-elle ; on s’est vus nous-mêmes comme des super-commerciaux. On n’a jamais osé dire et mettre en avant que nous sommes avant tout des professionnels du crédit soumis à de nombreuses obligations. Que l’on a un devoir de conseil ; que l’on a un code de déontologie ; que l’on a de nombreuses heures de formation, etc. On est contrôlés et réglementés comme les notaires, les huissiers, les avocats. On est capable de faire un tableau d’investissement de tête. Je passe mon temps à dire à mes collègues : redressons nos épaules, nous ne sommes pas des commerciaux à la c… Et on est capables de pleurer avec nos clients ; c’était encore le cas ce matin pour un dossier de surendettement… Quand quelqu’un ne peut pas acheter, je n’en dors pas.”

Situation internationale, inflation…

La situation internationale, notamment la guerre en Ukraine, qui a renchéri le prix des matières premières, de l’énergie et de certaines denrées alimentaires, est en partie à l’origine indirectement de cette flambée des taux. L’inflation induit un ralentissement de l’économie. Les marchés ont eu peur et ont commencé à faire grimper le coût du crédit. “Tout augmente à une vitesse inédite. De plus, il y a un manque de biens à louer de 13 %… Sans oublier que le nombre de programmes immobiliers neufs a chuté : on les réduit pour cause de la lutte contre l’imperméabilisation des sols…”

Source Dis-leur !
Olivier SCHLAMA

Publié le 14 septembre 2022

Manifestation inédite à venir des courtiers devant la Banque de France

Manifestation inédite à venir des courtiers devant la Banque de France

Un syndicat dénonce le « mépris » et le « déni » du gouverneur de la Banque de France face à une situation qui menace, selon lui, le marché du crédit immobilier.

Les courtiers ont prévu de manifester le 20 septembre devant le siège de la Banque de France. Crédit Photo : Capture d’écran via Google Maps
La hache de guerre entre les courtiers et la Banque de France est déterrée. La dernière interview du gouverneur de l’institution bicentenaire leur est restée en travers de la gorge. Extraits : « Les crédits immobiliers restent très dynamiques, à plus de 6% de croissance. Les taux remontent progressivement : en juillet, nous étions en moyenne à 1,45%. […] Le taux d’usure est là pour protéger les emprunteurs. Donc certains veulent prêter plus cher aux Français. Qu’ils le disent !», a-t-il déclaré la semaine dernière sur BFM (voir le tweet ci-dessous). Dans le viseur de François Villeroy de Galhau, les courtiers, accusés de se montrer alarmistes.
Dans un récent sondage publié cet été, 45% des courtiers affirment que le taux de refus varie entre 20% et 30% depuis le 1er janvier 2022. Un chiffre qui s’est transformé, dans la presse, en 45% de taux de refus, sans que les courtiers, qui avaient commandé le sondage, contestent ce chiffre. Ce que, a contrario, le gouverneur de la Banque de France s’est empressé de faire. Pour les courtiers, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. « Le gouverneur est dans le déni et le mépris », dénonce Bérengère Dubus, secrétaire générale de l’Union des intermédiaires de crédit (UIC), pour qui cette manifestation est une première.

Article Le Figaro Immobilier Gouverneur Banque de France 130922

L’équilibriste Bruno Le Maire

L’UIC, qui se revendique comme l’unique syndicat des courtiers en crédit immobilier de France, appelle la profession à manifester le 20 septembre devant le siège de la Banque de France, dans le 1er arrondissement de Paris. « Nous dénonçons un immobilisme des pouvoirs publics qui fait peser de lourdes conséquences sur l’immobilier et la vie des Français en général », explique Bérengère Dubus. Cette experte du crédit immobilier redoute un blocage du marché qui empêche des locataires de devenir propriétaires. Du côté des banques, on se veut rassurant en considérant que la contrainte technique liée au taux d’usure n’est que temporaire.
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Le 1er octobre, ce taux maximal sera mis à jour, comme tous les trois mois. Problème : les taux de crédit sont eux « actualisés » tous les mois et, à cause de l’inflation galopante, filent à vive allure. « La solution urgente doit être de raccourcir le délai de mise à jour du taux d’usure à un mois », estime Bérangère Dubus. « Le marché du crédit immobilier a changé ces deux derniers mois. L’actuelle mise à jour du taux d’usure est décorrélée de la réalité », confirme un ancien banquier qui assure pour autant qu’« il est encore temps d’acheter ou d’investir. Il n’y a aucune menace sur le marché immobilier qui est la classe d’actifs la plus sûre pour se constituer ou développer le patrimoine ». Pourtant, Bercy s’est refusé, pour l’heure, à changer la méthode de calcul, car sur les conseils de la Banque de France, le gouvernement veut éviter le risque de surendettement. Pourtant, aligner la date de mise à jour du taux d’usure sur celle du taux de crédit, éviterait d’avoir un taux d’usure en décalage avec la réalité et débloquerait plusieurs milliers de dossiers.
« J’ai reçu fin 2021 un dossier qui a été refusé parce que le taux global dépassait le taux d’usure de 0,02%. Le couple était prêt à attendre la mise à jour du taux d’usure suivante. Mais pendant ce temps-là, leur taux d’endettement a dépassé les 35% autorisés, à cause de la hausse du taux de crédit », raconte Bérengère Dubus. Bref, la situation se tend non seulement sur le marché, mais aussi entre les banquiers et les courtiers. Au milieu, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des finances, mais aussi président du Haut conseil de stabilité financière, obligé de jouer les équilibristes pour préserver le pouvoir d’achat des Français sans se mettre à dos les banques.
Source Le Figaro Immobilier

Guillaume Errard

Publié le 13/09/22 06:00